À propos des diabétiques de type 1

On me demande régulièrement si mon livre s’adresse aussi aux diabétiques de type 1. Il est de plus en plus connu qu’on peut prévenir et contrôler le diabète de type 2 en adoptant un mode de vie sain, mais presque rien ne se publie quant aux possibilités (autres que l’insuline) s’offrant aux personnes souffrant de diabète de type insulino-dépendant.

Alors voici ma réponse. Diabète Choisir la vie s’adresse à tous les types de diabétiques et pré-diabétiques. Il a été conçu pour être utile à quiconque le lira, incluant même les non-diabétiques. En effet, le type d’alimentation et de mode de vie que j’y décris semblent appropriés et bénéfiques pour la majorité des gens dans la majorité des situations. Et la vie des diabétiques de type 1 pourrait être facilitée par mon approche. Mais la question qui tue, celle sur le bout des lèvres de mes interlocuteurs-trices, ce n’est pas réellement de savoir si prendre soin de soi est bon pour la santé. Ça, tout le monde le sait. La question qu’illes se posent réellement, c’est : “Est-ce que les diabétiques de type 1 peuvent se passer d’insuline?”

En théorie, non, ellis ne le peuvent pas. Les diabétiques de type 1 sont insulino-dépendant.e.s : illes ne peuvent donc pas se passer d’injections d’insuline pour vivre. Ma réponse est plus complexe : entre les mauvais diagnostiques, les quelques témoignages lus ici et là, les diverses méthodes alternatives cumulées et le sérieux manque d’études scientifiques et d’expériences sur le sujet, il me semble dangereux d’affirmer quoi que ce soit. Dangereux de dire oui (et de risquer d’influencer des attitudes irresponsables et dommageables, ou de donner de faux espoirs), dangereux de dire non (et démotiver à l’avance des personnes qui auraient pu trouver des solutions). Voici l’état de mes connaissances sur le sujet.

Mon expérience

J’ai été diagnostiquée diabétique de type 1 en décembre 2000. Quelle ne fut pas ma surprise d’apprendre, en 2008, que je pouvais me passer d’insuline et avoir des glycémies majoritairement dans la normale en changeant mon alimentation et en prenant des plantes médicinales. Ma surprise et, jusqu’à un certain point, ma colère : on m’avait donc menti tout ce temps? Le diabète de type 1 n’est pas réellement insulino-dépendant? Cette réaction a duré jusqu’en juin 2013, où on a fait des tests génétiques : je ne suis pas diabétique de type 1, je suis de type MODY 3. Oups! Ce que je croyais connaître sur le type 1 s’applique donc au type MODY 3.

Dans tous les cas, on m’a mal diagnostiquée, je ne peux pas être la seule à qui ce soit arrivé (lire plus bas). Il peut donc être pertinent de vérifier avec nos médecins notre réel cas de diabète, et de réagir en conséquence. Si notre pancréas produit encore de l’insuline, même si c’est très peu, qui sait si un changement drastique d’habitudes de vie ne pourrait pas nous aider à nous passer des piqûres?

Les mauvais diagnostiques

En parcourant les études scientifiques nécessaires à la documentation de mon livre, j’ai appris qu’il est relativement courant de se méprendre dans le diagnostique des différents types de diabète, surtout les MODY. En effet, contrairement à ce qu’en connaissent la majorité des non-spécialistes, incluant les médecins, il y a beaucoup plus que deux types de diabète, et leurs caractéristiques peuvent s’entremêler. Par exemple, il est courant que des diabétiques de type 1 souffrent aussi d’insulino-résistance à l’origine du diabète de type 2.

Voici un autre exemple probable d’erreur de diagnostique : celui de ma grande sœur Ariane qui a récemment été diagnostiquée diabétique. Comme on l’a découvert alors qu’elle avait 34 ans, et par simple examen de routine, on lui a dit qu’elle était diabétique de type 2.

Elle est mince, a de très bonnes habitudes de vie, et est peu susceptible de souffrir d’insulino-résistance : elle a été végétarienne (avec des écarts plus ou moins mensuels par “convention sociale”) depuis environ 20 ans. Tout porte à croire qu’elle est aussi diabétique de type MODY 3 comme le serait sa mère, son grand-père, sa tante, son oncle, et sa petite sœur (moi-même). Nos diabètes se comportent relativement de la même manière, et il est génétiquement établi que 50% des enfants des diabétiques de type MODY 3 le développent : c’est une maladie de transmission autosomique dominante. Cela cadre avec notre environnement familial.

Mais sa médecin ne le savait pas (il semble y avoir peu de communication entre les recherchistes et les praticien.ne.s de terrain), est probablement débordée, et les tests génétiques coûtent cher… Bref; vous serez heureux d’apprendre que bien qu’elle soit au début du processus de prise en charge de sa maladie, en ayant une alimentation végétale et non-transformée, sans sucres concentrés, en étant active et en prenant quelques plantes médicinales, elle semble bien contrôler son diabète sans médicaments.

Quelques témoignages

Au cours de mes lectures, j’ai lu et vu les témoignages (non scientifiques, mais à considérer néanmoins) de quelques personnes diagnostiquées types 1 et vivant sans insuline plusieurs années plus tard.

Le premier cas est celui de Sergei Boutenko, qui est devenu  végétalien et crudivore peu après avoir été diagnostiqué diabétique de type 1, dont les glycémies se sont stabilisées grâce à l’alimentation et qui vit toujours sans insuline (et sans symptômes) quelques 15 ans plus tard. Je vous recommande la lecture d’un article qui explique son cheminement, et la page FAQ Diabetes de son site web.

Le deuxième cas dont j’ai entendu parler est celui de Kirt Tyson, un sportif qui a participé à un programme dont le film “Simply Raw : Reversing Diabetes in 30 days” fait la promotion. Comme il était adulte, on l’a diagnostiqué diabétique de type 2 quand on a vu ses glycémies si hautes, puis on l’a rappelé suite à des tests sanguins pour lui apprendre qu’il avait les anticorps : il était donc diabétique de type 1. Dans tous les cas, il a réussi à se passer d’insuline en mangeant cru et végétal pendant 30 jours, puis il a continué le régime végétal principalement crudivore et est devenu docteur en naturopathie. Vous pouvez lire cette entrevue : Black Vegetarian : Dr Kirt Tyson.

J’ai rencontré (en personne, grâce aux réseaux sociaux) une “vraie” diabétique de type 1, Julie, sous insulino-thérapie depuis quelques décennies, aux hémoglobines glyquées aux alentours des 6%, qui a diminué ses doses d’insuline de plus de 90% en devenant végétalienne et principalement crudivore. Elle a commencé en coupant le gluten et les produits laitiers, puis a cherché plus loin. Elle ne prend pas de plantes médicinales, mais elle fait présentement des tests avec des suppléments d’enzymes pour favoriser les cellules β du pancréas. Elle vient de m’apprendre que selon ses derniers résultats sanguins, elle produit un peu d’insuline, plus qu’avant. À suivre!

Je fais aussi partie d’un groupe de personnes cherchant une cure au diabète de type 1. Il regroupe plusieurs spécialistes et des parents d’enfants diabétiques, plus axé.e.s sur la recherche médicale que sur l’alimentation. J’y lis régulièrement des témoignages de besoins d’insuline réduits grâce à des plantes médicinales ou des suppléments de minéraux comme le chrome, le zinc et quelques autres. Rien encore de miraculeux, mais beaucoup d’information prometteuse.

Au printemps 2013, j’ai préparé de la nourriture pour un camp d’adolescent.e.s diabétiques de type 1 pendant toute une fin de semaine. Malgré mon avertissement de réduire les doses de médicament, un après-midi, plusieurs jeunes avaient eu des hypoglycémies : illes ne s’attendaient pas à ce que mon repas nécessite aussi peu d’insuline. C’est un repas, une fois, sur moins d’une dizaine d’enfants, mais ça m’a vraiment donné envie de le tester plus longuement sur plus de gens… et de voir jusqu’où on peut réduire les doses simplement en modifiant l’alimentation.

J’ai lu ici et là quelques autres témoignages de diabétiques de type 1 se proclamant insulino-indépendant.e.s, mais rien d’aussi durable dans le temps que les exemples de Sergei Boutenko ou Kirt Tyson, qui en parlent encore plusieurs années après et qui sont relativement faciles à contacter.

Méthodes alternatives cumulées

J’ai aussi lu des témoignages de personnes ayant drastiquement diminué leurs doses d’insuline en adoptant une alimentation végétale, non-transformée, ou en adoptant l’une ou l’autre de différentes méthodes alternatives : des suppléments de minéraux, de vitamines, des plantes médicinales, du sport, le yoga, la médication, le jeûne, etc.

Dans mon cas, aucune méthode ne m’a permis, en elle-même, d’avoir des glycémies normales. C’est une combinaison de plusieurs méthodes qui a fonctionné et fonctionne encore. Il m’arrive régulièrement de lire le témoignage d’une personne et de me dire : bravo, c’est super ce que tu fais, mais il manque juste ça! Il faudrait juste ajouter un petit élément, et les chances de réussite augmenteraient!

À l’inverse, il m’arrive de lire que certaines plantes médicinales ou méthodes ne fonctionnent pas. (Je l’ai même déjà affirmé, il y a longtemps. Après avoir bu une fois une tisane de feuilles de framboisier qui sont réputées pour diminuer les crampes menstruelles, les miennes n’avaient pas disparu! C’est en augmentant la quantité de tisane que j’ai pu voir une différence, et en modifiant mon alimentation.) En elles-mêmes, j’ai bien peur que ce soit souvent le cas. Chaque plante médicinale et chaque démarche a son mode d’action et sa sphère d’influence propre. Une cuillère à soupe de graines de lin moulues par jour n’est pas suffisante pour réguler la glycémie, surtout si on boit 10 boissons gazeuses à côté. Mais ça a un effet néanmoins. C’est la somme de toutes nos habitudes qui est déterminante.

Sérieux manque d’études scientifiques et d’expériences

Comme on “sait” qu’il est impossible pour un diabétique de type 1 de se passer d’insuline, beaucoup ne tentent même pas de chercher plus loin. Quand on se fait dire et répéter, de la part de plusieurs sources sérieuses et sincères, que quelque chose est impossible, il est rare qu’on se sente l’énergie d’aller vérifier. À quoi bon? C’est pourtant en cherchant là où on n’a pas cherché avant qu’on fait des découvertes. Si j’avais écouté mes médecins, je prendrais encore de l’insuline 4 fois par jour, et cela fait pourtant près de 6 ans que je vis sans aucun médicament. Il est clair qu’il reste beaucoup, beaucoup à étudier sur la question.

Il y a abondance de recherche pointue mais peu de recherche globale. J’aimerais pouvoir influencer des scientifiques et des diabétiques de type 1 à faire une recherche sur plusieurs années incluant les différents facteurs que je perçois influents. Cumulés en une seule et même étude. Tant que ça n’aura pas été fait, on ne pourra que continuer à affirmer que ça n’a pas été fait.

Études scientifiques actuelles

Avant toute chose, je dois insister sur le fait que les diètes végétales et entières sont très, très documentées scientifiquement, et acceptées comme probablement les plus saines et nutritives, tant qu’elles sont supplémentées en vitamine B12 et en vitamine D en hiver.

À cet effet, je ne cite qu’une étude datant de 2013, qui invite les médecins à recommander une telle diète… idéalement à toustes leurs patient.e.s. Lisez-la, elle est très accessible!

〉〉 Nutritional Update for Physicians : Plant-Based Diets

Si vous n’êtes pas convaincu.e par l’urgent besoin de modifier votre diète afin d’y inclure des plantes entières et d’y exclure le reste, je vous invite fortement à consulter le site web de vulgarisation en nutrition clinique le plus référencé en la matière : www.nutritionfacts.org. Chaque affirmation pro alimentation-végétale est appuyée par plusieurs études scientifiques. Des heures de plaisir garanti!

Inspiré.e.s de différentes traditions herboristes, certain.e.s scientifiques ont étudié l’effet de plantes médicinales sur le taux de glucose des diabétiques de type 1. J’en note quelques-unes ici-bas. N’hésitez pas à m’en envoyer lorsque vous en trouverez! Vous pouvez aussi consulter ma page Quelques plantes à connaître qui regroupe des informations d’herboristerie, d’expérience personnelle comme de recherches scientifiques.

〉〉 Effect of a dietary supplement containing blueberry and sea buckthorn concentrate on antioxidant capacity in type 1 diabetic children

〉〉 Effect of fenugreek seeds on blood glucose and serum lipids in type I diabetes

〉〉 Hypoglycemic action of an oral fig-leaf decoction in type 1 diabetic patients

Si j’étais diabétique de type 1

Dans tous les cas, et indépendamment de notre traitement, il est plus compliqué de contrôler sa glycémie pour une personne diabétique de type 1 que pour tous les autres types de diabétiques. On ne s’en sort pas. Les diabétiques de type 1, comme la plupart des MODY, en plus d’une alimentation et d’un mode de vie sain, gagneraient aussi à diminuer certaines de sources de glucides.

Ne vous méprenez pas, nous sommes humain.e.s : les glucides sont notre première source d’énergie, pour tout le monde. Je n’encourage aucunement les diètes faibles en glucides qui continuent à faire des ravages plusieurs décennies après avoir été dénoncées par les scientifiques. (1160 références scientifiques révisées par des pairs pour dénoncer les régimes riches en gras et faibles en glucides) On a vraiment besoin de glucides! Et leur meilleure source provient de plantes entières non-transformées ni raffinées.

En vrac, voici quelques trucs que j’adopterais si j’étais diabétique de type 1 :

  • Manger végétal, biologique, entier et non-raffiné
  • Manger une grande portion d’aliments crus, surtout des légumes, des verdures, des germinations et des fruits
  • Privilégier les petits fruits et les fruits acides par rapport aux fruits plus sucrés comme les bananes et les dattes
  • Utiliser des fruits déshydratés pour sucrer les rares desserts ou agrémenter les céréales de déjeuner.
  • Cuire surtout les légumes non glucidiques comme les brocolis, les champignons et les asperges plutôt que les carottes, oignons et patates douces
  • Privilégier la cuisson à la vapeur, en laissant idéalement du croquant aux légumes
  • Manger des légumineuses et des céréales entières, en moindre quantité, pour accompagner les salades
  • Manger des noix, des graines, idéalement trempées ou cuites à sec, lentement, en quantité modérée
  • Boire des tisanes hypoglycémiantes et intégrer des poudres de plantes médicinales aux repas
  • Faire de l’exercice physique quotidien. Adopter le vélo comme moyen de transport principal. Pratiquer les sports qui nous conviennent.
  • Éviter de mange plus qu’à sa faim. Quitter la table avec l’appétit comblé, pas un bedon lourd
  • Ralentir, prendre le temps de bien dormir, de faire ce que nous aimons

En gros, j’applique déjà toutes ces recommandations. Elles m’apportent bien plus de bienfaits que des glycémies dans la normale. Bien sûr, si j’étais diabétique de type 1, je devrais être encore plus attentionnée par rapport aux proportions cru/cuit et aux doses des fruits et des plantes médicinales.

Pour conclure, je le répète : on ne découvre pas quelque chose avant de l’avoir découvert. Dans tous les cas, il ne sert à rien de paniquer ou de tout jeter par la fenêtre. Il vaut mieux procéder lentement et mesurer notre taux de sucre très régulièrement quand on procède à des changements pouvant influencer la glycémie. Et d’adapter progressivement nos doses de médicaments, tout en maintenant notre suivi médical.

Et vous, quelles sont vos expériences et connaissances en lien avec le traitement autonome du diabète de type 1?

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